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L’écran originel

2004-2006 - Installation

À partir de l’énoncé « l’eau est un écran », le projet s’élabore autour de l’eau comme objet de réflexion à travers les activités humaines et animales qui s’y déploient, incluant l’acte artistique. Pour concrétiser le projet, deux lieux d’interventions extérieurs sont identifiés soit la rivière de l’Oise en France et la rivière Saint-François au Québec. Cette recherche s’est développée en résidence de création à Sacy-le-Petit en France en 2004 et à Sherbrooke au Québec à la Maison de la culture et des arts de Brompton en 2005.

Matière première

La matière première du projet exploratoire est formée de petits objets ramassés aux abords des deux rivières, de dessins issus de l’observation de ces objets et d’images vidéographiques et photographiques des lieux visités.

L’action in situ en bordure de rivière est documentée et devient partie prenante du contenu créatif. En s’appropriant des objets et en recueillant des images-témoins, l’artiste et son assistant deviennent des acteurs contribuant aux rituels des usagés de l’environnement naturel. Le soir venu, les dessins sommairement éclairés se reflètent sur l’onde de la rivière créant des images difficiles à saisir, dans un espace indéfini. À cette étape du projet, la nature est en contrôle : l’eau trouble fragmente l’image, l’eau calme la recompose.

Évolution

En atelier, le matériel accumulé (vidéo, photos, dessins, objets) est mis au service de notre fascination pour l’eau, un pouvoir d’attraction remontant très loin dans l’évolution de la vie sur terre. Divinisée, insultée, l’eau, cet écran archaïque, contient une part des paradoxes de l’humanité. Elle renferme en son essence même, la vie et la mort. Un écran à l’image de nos rapports troubles avec la nature.

L’installation

À l’intérieur de l’installation, une vidéo reprend en images les objets recueillis et les dessins de ces objets pour les transposer dans une « mise en fiction » intégrant les interventions in situ réalisées de jour et de soir. Comme un butin de recherche, les objets trouvés sont simplement disposés sur une table à l’entrée de l’installation.

Des projections vidéo superposées aux objets aboutissent par la photographie à des images numériques retravaillées avec le logiciel Photoshop. Imprimées sur une surface diffusant la lumière, ces images d’une dimension d’environ un mètre carré sont présentées au sol. La qualité altérée de ces images questionne la beauté souvent trompeuse de l’eau. Une bannière de jute de 20 mètres de longueur encercle l’installation. Sur cette trame souple et fragile, des dessins au fusain rappellent vaguement les formes des objets se reflétant dans l’eau. Ces restes d’images se décomposent au gré des vagues sur un support volontairement simple en opposition avec la technologie numérique déployée dans les autres aspects de l’installation.