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Péril pollen, projet de recherche 2013-2015

Dans ma recherche à la MIA (maîtrise interdisciplinaire en art de l’université Laval), je m’intéresse à la notion d’éphémère en art et dans la nature en opposition au cumul ambiant présent dans les sphères économiques, environnementales et politiques de la vie terrestre.

Dans des rencontres expérimentales, je crée des espaces de dialogue abordant le destin lié de l’abeille et de l’humain. En effet, le déclin des populations d’abeilles dans le monde serait annonciateur du péril qui guette l’humanité. Dans le processus des rencontres, la mise en scène, la nourriture et le jeu servent à déclencher des échanges entre le monde de l’art, de l’abeille et de l’humain, dans différents lieux choisis dans un esprit de dissemblance.

Ces « lieux pratiqués1 », qui constituent des espaces d’expérimentation non dédiés à la présentation de l’art, sont le rucher, l’atelier d’artiste, le parc public et un terrain en forêt. L’appréhension de l’espace de présentation en art pose inévitablement la question du public de l’art. À qui est destiné l’art? Doit-on choisir son public? Doit-on se soucier du public? Le public peut-il participer à l’art?

J’élabore donc différentes approches en partant du degré zéro d’un public – les abeilles sur le site d’un rucher – en passant par un public invité dans mon atelier privé, pour ensuite chercher un public à conquérir, dans un lieu public, le parc, pour terminer dans un rapport plus intime avec la nature, dans la forêt. Le public de l’art se trouve finalement là où l’artiste se trouve, pour tenter une possible « requalification de la mise en vue2 ».

La table à pique-nique est un élément de convergence sociale qui me sert sur les différents sites d'intervention. L'objet attractif que représente cette table peut être assimilé à l'attraction de la fleur pour l'abeille et le phénomène de la pollinisation. Prendre place à cette table, c'est participer à un face-à-face, un questionnement sur l'art, l'éphémère et notre propre finitude.

Ma proposition artistique trouve refuge dans la sagesse des abeilles, la nourriture et l’effacement des traces à mesure, dans un apparent ludisme cachant la précarité, le désenchantement et la disparition.

1- Michel de Certeau, L'invention du quotidien, arts de faire, Paris, Gallimard, 1990, p. 173.
2- Paul Ardenne, Un art contextuel, Paris, Flammarion, 2002, p. 30.

Voici un compte-rendu en images des quatre premières rencontres du projet :

J’aimerais remercier Benoît Héguy, apiculteur, qui me permet d’expérimenter l’art avec ses abeilles, ainsi que tous les participants à mes autres rencontres.