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Recherche et création 2009
Mange l'art mange
Mise en contexte
La prémisse de cette recherche se situe dans mon projet de création intitulé L'écran originel (2004-2006). Cette recherche comportait plusieurs étapes de réalisation dont une résidence de création en France et une autre au Québec. Des interventions in situ, aux abords de deux rivières me permettaient d'aborder l'eau comme un matériau, un objet d'expérimentation et un écran de réflexion. Cet écran « archaïque » reproduisait des images en constante transformation par la nature.
Élaboration
L'observation de la nature et de ses « usagers de tous les jours » (les animaux) a déclenché chez moi une réflexion sur la place de l'humain et de l'art dans la nature. J'ai remarqué, en réalisant des interventions artistiques sur des sites extérieurs, que les animaux en ville ou à la campagne, ne se souciaient guère de notre présence. Les images reproduites sur l'eau par différents moyens technologiques étaient bien loin de leurs préoccupations journalières de survie. Cependant, si nous avions pu leur tendre un bout de pain, immédiatement, canards, cygnes et écureuils se seraient intéressés à nous en tant qu'êtres vivants susceptibles de combler leur quête de nourriture. Bien entendu, la création artistique n'a aucune prise sur eux. Leur intérêt premier réside dans la survie. C'est cette dimension primitive qui m'interpelle dans le projet Mange l'art mange. Un peu d'humilité devant la nature, un peu d'ironie face à l'art et à la nature humaine. Une idée de tendre la main vers l'animal, première source d'inspiration pour les créateurs dans la préhistoire.
Je crée donc des œuvres comestibles (dessins, sculptures) qui sont dispersées dans la nature à la disposition des animaux présents sur le territoire. Le projet comporte plusieurs étapes de recherche dont l'observation de la nature, la documentation sur la faune environnante, l'expérimentation avec des matériaux comestibles et l'identification de lieux possibles d'intervention. Les autres dimensions du projet résident dans la captation vidéographique et photographique des interventions in situ ainsi que la constitution d'images-témoins sur ces œuvres éphémères en proie à l'instinct de survie de l'animal.